Résultats des élections départementales de mars 2015 dans les Hauts-de-Seine : quels sont les changements dans le « far ouest » ?

« il était une fois dans l’Ouest… au bout de l’avenue du Général de Gaulle, prolongement de la voie royale Louvre-Champs-Elysée-Arc de Triomphe, un territoire en forme de haricot. Décrit par ses promoteurs comme un « laboratoire urbain », il est censé projeter le pays vers le futur. Dans cet eldorado immobilier où le mètre carré constructible est plus précieux que l’or noir, les gratte-ciels poussent comme des derricks et font jaillir du sol les euros par centaines de millions. Une terre de conquête idéale pour une bande d’aventuriers aux méthodes viriles et souvent expéditives, qui en ont fait leur chasse gardée pendant près d’un demi-siècle. Cette réserve de vieux renards de la politique se nomme les Hauts-de-Seine.

Il ne s’agit rien d’autre que de l’introduction du communiqué de presse pour le documentaire de Jean-Charles Deniau qui sera retransmis par France 3 le 24 avril à 23h20 et intitulé « Il était une fois dans l’ouest, le roman noir des Hauts-de-Seine » pour enquêter au cœur du système politique des Hauts-de-Seine depuis la création du département en 1964 jusqu’à nos jours.

Il est donc intéressant de s’intéresser au changement occasionné par ces élections départementales de mars 2015.

AVANT

 Avant les élections de mars 2015, le conseil général des Hauts-de-Seine présidé par M Devedjian se décomposait comme suit :

 

Partis Sigle H et F H F
Majorité (29 sièges)
Union pour un mouvement populaire UMP 23 16 7
Divers droite DVD 4 3 1
Union des démocrates et indépendants UDI 2 2
Opposition (16 sièges)
Parti communiste français PCF 8 4 4
Parti socialiste PS 7 6 1
Europe Écologie Les Verts EELV 1 1
Total 45 32 13
% 100% 71,11% 40,63%

 

Le conseil général des Hauts-de-Seine avait donc une représentativité féminine proche de la parité. Mais au niveau national, il en était tout autre : Ainsi lors des dernières élections cantonales de 2011, les femmes ne représentent que 13,9 % des élus.

Pour résoudre ce problème de parité H/F constant au niveau local, Najat Belkacem, alors en charge du ministère des droits aux femmes, a inclus en novembre 2012 dans ses 45 mesures du comité interministériel des droits des femmes, l’adoption du scrutin binominal (1 homme + 1 femme) dès le prochain renouvellement des conseillers généraux.

Pour mettre en œuvre cette mesure de parité, le gouvernement a du réorganiser la carte des cantons pour maintenir constant le nombre d’élu(e)s. Le mode de scrutin a également été modifié : Les conseillers départementaux sont maintenant tous élus en même temps pour une durée de six ans alors que le conseil général était auparavant renouvelé par moitié tous les trois ans. Par conséquent les mandats des conseillers généraux élus en mars 2008 et mars 2011 ont tous expirés en mars 2015.

D’autre part dorénavant les conseils généraux et les conseillers généraux seront dénommés respectivement conseils départementaux et conseillers départementaux. Les conseillers départementaux seront ainsi élus dans les 2 054 cantons issus de cette réforme.

 

APRES

Dans les Hauts-de-Seine, la nouvelle répartition des cantons se décompose comme suit :

cartes cantons hauts de seine

Les premiers et seconds tours des élections départementales du 22 et 29 mars 2015 ont abouti à la constitution du conseil départemental décrit dans le tableau suivant :

 

tableau 1

Outre la transcription de la couleur politique, nous vous proposons une lecture de ces résultats au regard de l’âge des élu(e)s et de leurs mandats.

  • En terme d’âges, reprenons notre proposition N°2 pour changer la politique en local : Pour renouveler la représentativité des élu(e)s (conseillers municipaux, maires, députés, sénateurs, conseillers généraux, président de la République ….) en terme de pyramide des âges, limiter l’âge des candidats à toute élection. Le compromis quelque soit les tendances politiques sur le court terme pourrait être 70 ans. (Source : http://www.nicematin.com/cote-dazur/faut-il-imposer-une-limite-d’age-aux-elus.846404.html) ⇔ Patrick Devedjian semble l’unique élu à dépasser cette limite d’âge alors qu’il est le seul à se présenter à sa propre succession pour la présidence du conseil départemental (Source : le Parisien du 30 mars 2015).

 

  • En terme de cumul de mandats, la situation est bien loin de la charte anticor pour ces départementales de 2015 : « Les candidats signataires (titulaires et suppléants) s’engagent à ne pas cumuler plus d’un mandat électif. Ils s’engagent à ne pas exercer plus d’une fonction exécutive. »

Nous vous proposons une lecture du cumul des mandats suivante par ordre de gravité de cumul     décroissante

  • En fond noir : cumul d’un mandat de collectivité local avec un mandat national parlementaire (sénat, parlement) ⇒ 2 élus UMP dont M Devedjian qui cumule donc âge avancé et mandat parlementaire
  • En rouge : cumul de plus de 2 fonctions exécutives (hors conseil départemental) ex =maire et vice-président communauté d’agglo ⇒ 1 élu PCF et 5 élus UMP dont Vincent Franchi, digne fils de sa mère Mme Ceccaldi-Raynault
  • En orange : Déjà élu à la région⇒ 1 élu du PCF et 1 élu UMP, Didier Berger, en plus récemment maire de Clamart
  • En jaune : cumul avec une fonction exécutive : maire, adjoint(e) au maire, ⇒5 élus dont 4 élus UMP et 1 élue PCF , la maire de Bagneux, Marie-Hélène Amiable

 

  • Le nouveau mode de scrutin avec binôme H/F ne permet donc pas de résoudre toute la problématique de renouvellement des élus en particulier masculins au regard de leurs cumuls de mandats non seulement en terme de fonctions mais aussi sur la durée. Nous ne pouvons qu’espérer qu’une loi puisse être adoptée dans ce sens (et même avant 2017 !) pour en finir avec les dérives résultantes de clientélisme (et parfois de corruption) qui touchent gravement notre département des Hauts-de-Seine.

D’autre part, l’obligation de parité H/F ne s’applique pas en terme de nomination des fonctions exécutives du conseil départemental, vice-présidences et des missions de délégation. Nous savons déjà que le président sera masculin (Patrick Devedjian, le seul à se présenter à sa succession) mais attendons donc les nominations pour voir la répartition H/F dans le futur exécutif de notre département des Hauts-de-Seine. Or pour que les femmes reprennent leur place dans nos territoires et dans nos villes (article : quand les femmes reprennent la ville), il est primordial que les élues prennent des fonctions exécutives de nos mairies (et SEM), agglo, conseils départementaux et régions consacrées aux thématiques urbanistiques, développement durable, transport et pas seulement aux fonctions souvent attribuées sociales, scolaires, culturelles, sportives …

Par exemple au Plessis-Robinson la parité est peu ou pas respectée dans toutes les fonctions exécutives liées à l’urbanisme aussi bien de la mairie (source : site internet du Plessis-Robinson) ou des sociétés d’aménagement (SEM, SPL).

La bonne nouvelle de l’obligation de parité H/F dans notre canton Châtenay-Malabry, Le Plessis-Robinson et Sceaux, est l’absence de notre maire Philippe Pemezec du futur conseil départemental. Son adjointe Nathalie Léandri élue en binôme avec Georges Siffredi a au moins la décence d’un comportement respectueux envers tous les administrés de notre canton en les saluant tandis que le 1er magistrat de la ville du Plessis-Robinson, Philippe Pemezec, n’a même pas salué les assesseurs d’opposition qui remplissent leur devoir de citoyen en tenant le bureau de vote auprès des assesseurs et président du jury de la majorité.

D’autre part, nous ne pouvons qu’espérer que la vice présidence du conseil général pour le développement durable, l’égalité des chances et l’aménagement du territoire soit réellement prise en charge par un(e) élu(e) motivé dans ses convictions profondes par ces missions même si de la majorité UMP/UDI (pour rappel notre article : Le développement durable à la Philippe Pemezec, des petits pas de canard boîteux ou un gros nef de pinocchio? A vous de juger…).

Analysons maintenant le résultat de ces scrutins en terme d’étiquettes politiques :

 

1er tour 2ème tour
canton Villes Abst DIV DVG PC et/ou FDG seul PC-FDG et EELV EELV seul PRG et EELV PS et PRG et EELV PS et PRG PS seul DVD ou DLF ou UDI UMP et UDI FN Abst Gauche Droite
N°1 Antony 47,97% 7,67% 5,67%   5,95%   19,18% 51,03% 10,50%
N°2 Asnières-sur-Seine 57,89% 5,49% 4,36%   6,79%   26,70% 13,50% 29,83% 13,33% 58,79% 54,67% 45,33%
N°3 Bagneux, Bourg la Reine 54,63%   33,39%     20,32% 9,02% 23,29% 13,97% 55,82% 54,34% 45,66%
N°4 Boulogne Billancourt 1 56,10% 2,57%   6,64%   14,97% 64,96% 10,86%
N°5 Boulogne Billancourt 2, Sèvres 55,97% 4,03%   9,51%   22,87% 51,21% 12,39% 60,43% 34,11% 65,89%
N°6 Châtenay Malabry, Plessis-Robinson, Sceaux 50,32% 8,09%       22,47% 57,23% 12,22%
N°7 Chatillon, Fontenay-aux-Roses 50,58% 6,61%   9,95%   27,80% 42,61% 13,04% 53,19% 42,17% 57,83%
N°8 Clamart, Vanves 49,41% 6,64%   10,66%   25,98% 44,74% 11,99% 51,68% 41,10% 58,90%
N°9 Clichy 58,35% 4,67%   14,93%     28,99% 12,77% 27,61% 11,03% 57,87% 46,10% 53,90%
N°10 Colombes 1 57,62% 0,90% 9,22%   5,99%   29,02% 3,96% 35,53% 15,38% 57,58% 45,90% 54,10%
N°11 Colombes 2, Bois-Colombes, La Garenne-Colombes 52,48%   9,07%     22,13% 3,26% 53,23% 12,18% 56,98% 31,25% 68,75%
N°12 Courbevoie 1, Asnières 53,83% 4,25%     7,12%   21,83% 53,61% 13,19% 57,46% 31,53% 68,47%
N°13 Courbevoie 2, Puteaux 53,09% 5,14%       22,95% 12,80% 45,90% 13,22% 59,43% 36,30% 63,70%
N°14 Genevilliers, Villeneuve la Garenne 62,84% 2,00% 44,03%   4,42%   13,17% 16,93% 19,45% 61,29% 75,94% 24,06%
N°15 Issy Les Moulineaux 54,07%   11,04%     20,31% 4,89% 51,30% 10,46% 52,18% 32,85% 67,15%
N°16 Levallois Perret 51,92% 4,17%       16,01% 30,72% 37,45% 11,65% 55,93% 46,71% 53,29%
N°17 Meudon, Chaville 51,20% 5,31%     8,74% 23,04% 9,24% 41,41% 12,26% 54,98% 38,05% 61,95%
N°18 Montrouge, Malakoff 51,64% 2,21%   23,62%     23,67% 33,36% 12,03% 54,84% 52,32% 47,68%
N°19 Nanterre 1 59,39%   42,30%     13,27% 6,77% 19,71% 17,96% 62,26% 63,69% 36,31%
N°20 Nanterre 2, Suresnes 56,78%   14,21%     21,89% 5,86% 42,51% 15,52% 50,18% 40,75% 59,25%
N°21 Rueil-Malmaison 54,33% 1,82% 4,25%       7,11% 16,72% 16,25% 41,03% 12,81% 60,16% 69,00% 31,00%
N°22 Neuilly sur Seine 54,52%       3,85% 7,49% 14,05% 63,46% 11,15%
N°23 St Cloud, Garches,Marnes la coquette, Vaucresson, ville d’Avray 52,70%         21,97% 62,94% 15,20%

 

  • Dès le 1er tour, le Parisien écrivait le 24 mars 2015 « l’UMP toujours plus fort dans le département ». Nous ne pouvons nier leur analyse.

Par contre nous regrettons vivement que leur article fasse fi des candidates et/ou élue en ne référençant systématiquement uniquement le représentant masculin du binôme H/F candidat du canton. Les médias ne seraient-ils pas non plus prêts à la parité ? Un autre exemple concret est l’interview sexiste de Cécile Duflot du dimanche 15 mars dans l’émission le Grand Rendez-vous d’Europe 1 (objet d’une plainte au CSA)

  • L’opposition ne conserve plus que 8 sièges : 2 sièges au lieu de 7 pour le PS et 6 sièges au lieu de 8 pour le PCF.
  • Malgré un présence de candidats EELV dans l’ensemble des cantons des Hauts-de-Seine , le Parisien du 30 mars titrait « Ecologistes l’espèce a disparu au conseil départemental » en rappelant la présence de Vincent Gazeilles 15 ans au conseil général. Ce dernier a en effet appliqué ses convictions : ne pas se reporter après plus de 2 mandats.  Chapeau bas Monsieur ! A noter que ce dernier est interviewé dans le documentaire de Jean-Charles Deniau sur le système politique des Hauts-de-Seine à visionner le 23 avril prochain.

Dès le 1er tour, presque tous nos candidats ont été éliminés du fait du scrutin de liste. Seul les binômes de Bagneux, Bourg la Reine du PC-FDG-EELV (avec remplaçant EELV) et notre candidature titulaire Corinne Leroy-Burel sur le canton de Courbevoie 2 en binôme avec le PS demeuraient au 2nd tour.

Mais contrairement aux annonces de certains médias (papier, TV ou encore sur la toile), nos scores sont plus qu’honorables et supérieurs au 3,47 % évoqués sur intern@ute.com pour les Hauts-de-Seine, et n’ont rien à voir avec les 2% annoncés nationalement par le ministère de l’intérieur grâce au truquage de la nuance politique et des alliances.

  • En candidature autonome , notre plus petit score est de 4,42% à Genevilliers au profit d’une forte présence du PC-FDG et nous atteignons un score de 2 chiffres à 10,66 % sur le canton de Clamart/Vanves.
  • En candidature avec le PC/FDG, notre petit score est à 11,04% sur Issy-Les-Moulineaux et nous atteignons les 33,39 % sur Bagneux-Bourg La Reine
  • En candidature avec le PS et/ou le PRG, notre plus petit score est à 3,85 % (PRG/EELV) pour le cas symptomatique de Neuilly et atteint toujours des scores à 2 chiffres avec le PS pour atteindre les 22,95 % sur Courbevoie2-Puteaux.

A noter pour notre canton N°6 de Châtenay-Malabry, Le Plessis-Robinson et Sceaux le score de 22,47 % pour notre binôme PS – EELV Sylvie Delaune – Richard Vidalenc . Sur la commune du Plessis-Robinson plus spécifiquement, nous constatons par ailleurs que le binôme UMP n’atteint que 60,5 % des voies alors qu’aux élections municipales de mars, la liste menée par Mr le maire avait atteint les 77 % .

score national EELV 1er tour

Score national EELV 1er tour mars 2015

 

Compte-tenu de la spécificité locale (forte implantation UMP/UDI) des Hauts-de-Seine nous n’avons pas à rougir de ces résultats même si légèrement inférieurs à notre score national EELV du 1er tour.

 

Mais ils restent cohérents avec notre implantation locale résultant des précédentes élections départementales.

cartes cantons 2008 2011 EELV

Au 2nd tour, les candidats titulaires du PC-FDG de Bagneux-Bourg-la Reine soutenus par EELV dès le 1er tour dans le cadre d’une accord départemental ont été élus.

A noter qu’EELV a soutenu tous les candidats démocrates au 2nd tour du PS et du PC face à l’UMP/UDI sauf le binôme du PS à Clichy en raison de la candidature de Gilles Catoire. En effet cet élu maire de sa ville d’un comportement plus que polémique vis-à-vis de ses administrés (exemple : le scandale du chauffage urbain) mais aussi à l’égard d’EELV. Au 2nd tour, l’utilisation abusive d’une citation et du nom d’Emmanuelle Cosse sur leur profession de foi témoigne d’un profond irrespect pour les écologistes et d’un souhait de tromper grossièrement les électrices et électeurs de Clichy.

En conclusion, les scores réalisés dans les Hauts-de-Seine par les écologistes permettent donc de réaffirmer leur bonne implantation malgré une forte abstention. Nous ne pouvons que regretter ne pas avoir d’élu départemental dans ce nouveau conseil départemental alors que nous avions un représentant, Vincent Gazeilles, pendant près de 14 ans.

 

D’ailleurs cette perte d’un élu dans les Hauts-de-Seine correspond à la perte d’un élu sur le bilan national d’EELV National. EELV a 39 élu(e)s au lieu de 40 élus précédemment sur 35 cantons à l’issue du second tour de ces départementales, dont 75 % de femmes (31 élue) :

  • 24 sont élu(e)s dans le cadre d’un binôme EELV- PS ( 62%) .
  • 6 sont élu(e)s dans le cadre de candidatures autonomes EELV (15%). Cela correspond à 3 cantons : 2 en Isère et 1 dans le Gard.
  • 5 sont élu(e)s dans le cadre d’un binôme EELV-FDG. (13%).
  • 3 sont élu(e)s dans le cadre d’un accord EELV-PS-PCF, (8%).
  • 1 élu(e) l’a été dans le cadre d’une liste Gauche citoyenne-MRC (2%).

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